L'autoarbitrage dans les parties d'Ultimate Frisbee
Présentation de la situation (enjeux, problèmes, etc.)
Dans certains sports universitaires où les contacts sont interdits ou inexistants, la notion d'arbitre professionnel perd son sens. Par ailleurs, le Code d'éthique sportive commande aux joueurs de respecter les règles du jeu et de refuser de gagner par des moyens illégaux ou par la tricherie. Lorsqu'on applique ces principes, un arbitre n'est plus nécessaire dans le déroulement d'une activité. Les participants peuvent tous agir en tant qu'arbitres de la partie.
Description de l'activité
Le meilleur exemple qu'on puisse donner est celui d'un sport relativement nouveau dans le réseau universitaire. Il s'agit de l' " Ultimate Frisbee ", une activité sportive dont l'implantation au Québec n'est pas encore terminée.
Les règlements relatifs à l'autoarbitrage appliqués par l'Association des joueuses et joueurs d'Ultimate du Québec (AJJUQ) peuvent être résumés ainsi :
- Durant une rencontre, chaque joueur est tenu de signaler les fautes commises par ses adversaires ainsi que ses propres fautes.
- Chaque fois qu'une faute est commise, un joueur qui en est témoin doit crier le nom de cette faute. Lorsqu'une infraction aux règles survient, le jeu est arrêté. Les participants reprennent la partie à l'endroit où le disque se trouvait au moment de l'arrêt du jeu.
- Si un désaccord survient quant à une faute, à une infraction ou au résultat d'une partie, et que les équipes ne peuvent s'entendre, le disque est donné au lanceur et remis en jeu après une validation. Les joueurs ont 60 secondes de discussion pour décider si l'infraction est considérée ou pas.
Le succès de ce sport repose sur le respect de ses règles. Selon monsieur Jean-Pierre Lessard, président de l'AJJUQ, deux principes de base existent et ne doivent jamais être transgressés. Tout d'abord, au cours du jeu, " il est pris pour acquis qu'aucun joueur ne violera les règles intentionnellement ". Ensuite, tout joueur doit avoir à l'esprit que " l'intégrité du Ultimate repose sur la responsabilité de chaque joueur de respecter la philosophie du jeu, et que cette responsabilité ne doit pas être prise à la légère. " La réussite de l'autoarbitrage repose aussi sur la capacité qu'ont les joueurs à argumenter pour faire valoir leur point de vue au cours des petites discussions qui entourent les infractions. En restant calmes, courtois et respectueux, la plupart du temps, les joueurs en arrivent à un consensus.
Clientèle visée
Au Québec, il s'agit de tous les joueurs d'Ultimate Frisbee qui font partie des ligues intramurales universitaires. Cependant, le principe de l'autoarbitrage s'applique à toutes les équipes d'Ultimate Frisbee dans le monde, quelle que soit la catégorie à laquelle appartiennent les joueurs.
Description des résultats
Selon les rapports de l'AJJUQ, l'autoarbitrage fonctionne très bien dans les ligues où les participants jouent pour le plaisir. Cependant, dans certains tournois, on peut observer certains problèmes. Les auteurs de ces rapports mentionnent que, chez les hommes, « il y a une tendance à profiter de certaines règles. C'est que certaines fautes, par exemple celle qui consiste à entrer en contact avec celui qui a le disque, ne sont pas coûteuses, mais elles permettent aux couvreurs de rattraper leurs joueurs lors de l'arrêt de jeu. Certaines équipes en abusent et des discussions ont été entamées sur le sujet pour qu'il y ait un "recentrage", pour que cesse la "dérive". »
On a pu observer que les meilleurs arbitres sont parfois les spectateurs. Monsieur Lessard rapporte les deux exemples suivants : « À Montréal, en 2004, une équipe de l'ouest appelait des fautes douteuses. Après trois ou quatre, la foule s'est mise à huer vraiment très fort. On veut un spectacle, pas une bataille!
Une autre situation semblable est survenue à Ottawa en 2003, en mixte. L'équipe ontarienne ne lançait plus aux filles en fin de match, ce qui est d'une éthique douteuse. La foule s'est alors mise à encourager l'autre équipe. »
Depuis quelques années, au cours des tournois importants, des «observateurs» neutres ont fait leur apparition. Ces " juges " sont passifs en ce sens qu'ils n'interviennent que lorsque les équipes elles-mêmes le leur demandent. Leur intervention a pour but de clarifier certains points litigieux et consiste à donner leur avis sur les décisions à prendre.
Changements anticipés
Il n'y a pas vraiment de changements anticipés quant à l'autoarbitrage. Peut-être un jour verra-t-on une augmentation de l'utilisation des observateurs, mais aucun projet n'a encore été proposé à cet égard. Toutefois, si les dirigeants d'Ultimate Frisbee veulent que le CIO reconnaisse leur sport, ils devront inclure des arbitres dans le déroulement du jeu. Or, les arbitres ne cadrent pas dans l'esprit de l'Ultimate Frisbee. Les observateurs représentent donc un juste milieu entre la philosophie de ce jeu et les exigences du CIO.
Constats (forces, faiblesses, effets indésirables s'il y a lieu, ou défis à relever)
Pour que cette activité puisse se dérouler sans problème, elle doit être pratiquée par des personnes matures ou d'âge adulte, car le fait d'avouer ses propres fautes et de respecter l'ensemble des règles en tout temps requière une certaine maturité et un certain degré d'honnêteté. Certaines personnes n'aiment pas cet aspect du jeu. Ce sont des gens de type « joueurs de hockey », habitués aux contacts physiques et prompts à transgresser certaines règles lorsque l'arbitre ne les regarde pas. Sans vouloir les dénigrer, on peut constater que ces joueur restent rarement bien longtemps dans les équipes d'Ultimate Frisbee. Pour leur part, les premières fois qu'ils pratiquent ce sport, les joueuses et les joueurs de basketball ont souvent de la difficulté à éviter les contacts physiques avec leurs adversaires. Toutefois, ils réussissent à s'adapter après quelques parties.